Détails du projet

Vaisseau amiral du nouveau Centre suisse du cancer Lausanne

La Fondation ISREC – Institut suisse de recherche expérimentale sur le cancer – a mis en service le bâtiment Agora – ou SCCL – Swiss Cancer Center Lausanne

Situation

Situé à Lausanne, en face du CHUV, mais coupé de lui par la route du Bugnon, le nouveau centre, qui se veut l’un des plus importants centres de recherche sur le cancer au monde, est le lieu où les recherches fondamentale et clinique se rencontrent pour repousser les limites de la science et mettre au point les thérapies de demain. Au bénéfice d’un droit de superficie de la part du Canton de Vaud, le bâtiment plonge sur le vallon du Flon et les bureaux de la façade Ouest donnent sur la cathédrale.

Programme

La volonté des initiateurs, qui était de réunir trois cents scientifiques et praticiens en une seule communauté d’expertise et sur un site unique, a constitué l’idée forte du programme. La mise en relation des différentes recherches existantes sur le campus exigeait des connexions verticales et horizontales entre les laboratoires, les bureaux, ses lieux d’échanges interdisciplinaires et ses postes de travail informels.
Le projet a fait l’objet d’une mise au concours remportée par le bureau Behnisch de Stuttgart. « La communication disciplinaire et interdisciplinaire… doit être lisible dans l’organisation des plans. C’est donc la communication qui joue un rôle capital, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de l’ensemble du bâtiment » a commenté Stefan Behnisch, l’architecte lauréat.
La traduction de ce programme se résume en un bâtiment de sept niveaux offrant essentiellement 6 000 mètres carrés de laboratoires. Les différents niveaux offrent deux niveaux de parking, un niveau technique avec ses laboratoires de pointe, un niveau public, avec un restaurant de trois cents places, un café, une cuisine professionnelle, un auditoire de deux cent soixante places, les bureaux de la Fondation ISREC et des locaux logistiques. Au-dessus, trois niveaux de bureaux et de laboratoires. Enfin, au rez-de-chaussée, un atrium couvert en ETFE – un polymère cristallin plus léger que le verre – assure la jonction avec le bâtiment voisin dédié à la pathologie.

Le projet

Le bâtiment est un édifice en béton avec très peu d’angles droits. Il s’évase du sol jusqu’au toit et comporte aussi des pentes positives et négatives sur ses faces. Le système porteur varie entre les étages inférieurs et supérieurs. Une dalle renforcée épaisse de septante centimètres marque la zone publique du troisième niveau car les reprises de charges des niveaux supérieurs ne sont pas linéaires. L’enveloppe du bâtiment est conçue afin d’amener le plus de lumière naturelle possible en profondeur dans le bâtiment. La façade de béton pourvue d’une isolation est revêtue d’un habillage de métal désigné sous le nom de grid, une maille d’aluminium thermolaqué qui habille les trois niveaux supérieurs et dont la fonction, outre esthétique, est la protection solaire. Le prototype du grid, composé d’un peu plus de mille caissons de sept designs différents a été conçu par l’architecte. Intérieurement, l’organisation des locaux incite aux rencontres, aux échanges, à l’interdisciplinarité. Elle offre à l’utilisateur le maximum de flexibilité pour lui permettre des modifications au gré des différents besoins qui pourront se manifester avec le temps.

Un soin particulier a été apporté à l’étage public, architecturalement très poussé, avec un auditoire doté de plafond et murs à facettes, un espace Agora équipé de plus de mille deux cents baffles acoustiques, des meubles sur mesure, très anguleux en rappel de la maille extérieure.

Réalisation

La construction a débuté par la démolition de cinq bâtiments et la construction d’un autre pour accueillir les services déplacés. Mais la tâche la plus ardue a été l’excavation de 35 000 mètres cubes de molasse au droit d’un bâtiment ne souffrant pas les vibrations. Des travaux de dépollution ont également été entrepris. Au niveau de la structure porteuse, les murs en béton présentent la particularité d’être penchés et « cassés ». Ils bénéficient d’une isolation extérieure complétée d’une double peau architecturale et protectrice des rayons solaires constituée de près de mille deux cents caissons. L’atrium est coiffé en ETFE et ses façades sont en Makrolon, un type de plaques en polycarbonate. Tous les vitrages sont triplement isolants. À l’intérieur, les sols sont majoritairement en PVC, les plafonds bruts de béton mais peints, les murs en Placoplatre ou enduit. Les encadrements de fenêtres sont en chêne. Les deux cent seize places de laboratoires disposent d’équipements spéciaux adaptés à leurs fonctions. Le niveau public a fait l’objet d’un traitement particulier. De baffles verticales assurent la qualité acoustique, le sol est en chape cirée, des lamelles chêne habillent les murs. Dans l’auditoire un enchevêtrement de triangles en panneau bois micro-perforé évite les effets d’écho. La façade intérieure de l’atrium est également en bois micro-perforé,

Techniques

Agora est certifié Minergie. Avec son isolation périphérique, son couplage avec le réseau de chauffage à distance, une ventilation naturelle des locaux combinée avec une distribution de fluide frigorigène par des tubes situés dans les plafonds pour éviter de recourir à la climatisation, des luminaires LED, une protection solaire intelligente et optimisée, l’utilisation responsable des ressources naturelles dans la construction et l’entretien ainsi que le recours tant aux énergies renouvelables qu’aux systèmes énergétiques existants sur place, le nouveau bâtiment cumule les garanties d’une construction durable et économe en énergie. Les spécificités d’un centre de recherche exigent des productions et des protections spécifiques telle la fourniture de vapeur, la distribution d’eau traitée par osmose pour assurer 99,9 % de pureté, la fourniture de gaz de laboratoire, le contrôle des diverses émanations gazeuses et le stockage d’azote liquide.

Mesures particulières

Les mesures particulières ont été mises en place lors des ter- rassements pour dépolluer le sous-sol sous les enrobés existants (mâchefer). L’excavation de 50 000 mètres cubes dont 35000 de molasse a exigé des protections contre le bruit, les vibrations et la poussière. Pour ce dernier élément, ce sont d’énormes brumisateurs qui ont été utilisés pour rabattre l’élément indésirable. L’implantation au bord du vallon a nécessité le recours à des pieux sécants de seize mètres et la reprise en sous-œuvre de bâtiments voisins de même que des parois berlinoises ancrées. Enfin, la mise en place d’une cuve jaune, membrane d’étanchéité, assure la protection contre les infiltrations tandis qu’à l’extérieur deux bassins de rétention retiennent les eaux pluviales.

Défis et points forts

Les principaux défis se sont présentés avant même le début de la construction avec la démolition de cinq bâtiments et le déplacement de plusieurs services, la fouille conséquente à proximité immédiate de bâtiments en exploitation, le déplacement d’une sous-station moyenne tension, le dévoiement du réseau de chauffage à distance. Le tout dans un délai de cinq mois. Durant la construction, c’est l’exiguïté des surfaces qui a concentré les problèmes de logistique : seuls deux espaces de livraison et de stockage totalisant à peine 500 mètres carrés étaient disponibles. Parmi les sujets de satisfaction, le grid, ce voile métallique qui habille le bâtiment est un éléments tant esthétique qu’efficient. Le développement de sept modèles différents des caissons créés spécialement pour Agora renforce l’audace architecturale d’une construction exceptionnelle par son design, sa taille, son équipement et tous les espoirs mis en elle dans la lutte contre le cancer.