Projet
Vers un épanouissement floral. Très rapidement, le terme de “pétale” s’impose pour évoquer les différents volumes. Retenue en décembre 2008 à l’issue d’un concours international, l’expression formelle très caractéristique dévoile un jeu de courbes et d’entrelacs. Les bâtiments émergent de façon isolée ou, selon les niveaux, s’absorbent les uns avec les autres, formant des espaces originaux sans aucun mur rectiligne.
Outre les pliures gondolées du plan qui s’adapte aux singularités du site, les façades dévoilent des gabarits différenciés et des toitures plates mais inclinées. Traité de façon légère et transparente, l’ensemble possède une identité forte et douce, créant un joli contraste avec la morphologie sévère du bâti environnant.
Les sinuosités offrent d’impressionnantes possibilités spatiales intérieures, rendues possibles grâce à un ingénieux système constructif. La structure est faite de dalles en béton armé partiellement précontraintes posées sur une charpente métallique contreventée par des bras de force ou des croix, mais également par des cages d’escalier bétonnées fonctionnant comme autant de points durs aux angles de chaque pétale.
Prouesses d’ingénierie, une poutre à treillis arquée aménagée dans la façade permet un porte-à-faux de vingt et un mètres dans l’entrée du plus grand volume. Dans le même esprit, l’auditorium principal voit son espace totalement libéré de piliers grâce à une étonnante structure tridimensionnelle couvrant le plafond. L’ensemble de l’opération repose sur des pieux forés jusqu’à vingt mètres de profondeur, ancrés dans la molasse du terrain.
La “double peau” des façades se compose, côté intérieur, d’une enveloppe avec triple vitrage à haute performance thermique, ainsi que d’un store à commande optimisée pour gérer l’ensoleillement ou le rayonnement de chaleur dans les bureaux. À l’extérieur, la seconde peau est formée d’un verre de double épaisseur. Entre ces deux membranes transparentes, une coursive d’entretien offre un écran phonique complémentaire tout en protégeant des poussières ferroviaires et urbaines.
Cette mise en œuvre élégante se retrouve également à l’intérieur des espaces. Le caractère industriel des revêtements est compensé par une pose soignée et des calepinages étudiés, en harmonie avec les cambrures ondulées des volumes. C’est le cas des panneaux d’aluminium patiné couvrant certains sols, du béton brut au plafond de nombreux bureaux ou des tôles d’aluminium nervurées et perforées tapissant les parois des auditoriums.
En écho au traitement des façades, le cloisonnement est fait de parois vitrées qui garantissent une certaine souplesse d’aménagement. Développée par une équipe d’étudiants de la Haute école d’art et de design (HEAD), une signalétique inédite permet aux usagers de se repérer avec aisance.
Côté technique, le complexe bénéficie du réseau Genève-Lac-Nations (GLN) qui fournit chaleur et fraîcheur grâce à l’eau du Léman, sans consommer d’énergie fossile et sans rejet d’oxyde de carbone. Le chauffage des bureaux est produit par des panneaux radiants disposés dans les plafonds ; la ventilation s’effectue grâce à l’écoulement d’air neuf depuis le dessus de ces panneaux et reprise par le plancher.
Un procédé efficace qui assure un renouvellement du volume d’air une fois par heure environ. Avec des ouvrants prévus dans la double peau pour un apport d’air frais extérieur, le concept allie confort et réduction de consommation d’énergie. Le bâtiment, évidemment, est labellisé Minergie®.
La réussite du partenariat public-privé et les compétences avérées des différents protagonistes ont permis aux six pétales de la Maison de la Paix d’éclore sereinement. Les coûts et les délais ont été respectés grâce à une planification fine et à une excellente collaboration entre intervenants. Original et parfaitement mis en œuvre, d’une grande force expressive et générateur d’émotions, le bâtiment contribue pleinement au rayonnement d’une Genève internationale ouverte et audacieuse, positive et résolument tournée vers l’avenir.